04/09/2008
Gloire à la cuillère! Sus aux couverts et canines!
Bonjourno,
La cuisine contemporaine a deux dadas: le manger avec les doigts et le manger sans les dents.
On s’explique. Rien de plus branché que de sluncher, de lunch-boxer, de pique-niquer, de picorer, d’apéro-dîner, de finger-fooder. Bref, de nourrir ses potes et proches de bouchées, cakes salés, wraps, tartelettes, bruschettas et autres petits mets charmants à attraper avec les mimines. La moitié des bouquins du rayon miam de la libraire du coin sont consacrés à ce trend-là. Nombre de recettes de ce blog itou.
L’autre moitié des livres du même étal, ben, ils coulent: soupes, veloutés, émulsions, jus variés. Oui, la modernité aime sa popote liquide. Preuve en est la cuisine moléculaire qui blende, siphonne et espumate à tire-larigot. Pendant que les bobos du Monde Libre s’envoient des hectolitres de smoothies en rigolant. La mastication? Top ringarde. A ce rythme-là, nos râteliers, condamnés au chômage technique, risquent fort de se déchausser par désœuvrement. La canine a le blues. La molaire déprime.
Plus triste: ces tendances, certes exquises, expédient les couverts aux oubliettes. Dans un monde d’amuse-bouches et de jus de légumes, qui a encore besoin de couteaux et de fourchettes? Hein? On ne voudrait pas annoncer la mort prochaine de l’argenterie de votre Tante Ursule, mais c’est mal barré. Elle risque fort de se retrouver fissa dans une vitrine du Musée des curiosités culinaires anciennes (qui est à Vierzon, sauf erreur).
La grande gagnante de tout ce tralala, c’est, je vous le donne en mille,… la cuillère. Applause! Elle qui s’est faite indispensable pour se slurper les verrines et granités. Ou pour abriter vos exquises bouchées apéritives. Bref, cette bonne vieille cuillère entame le nouveau millésime le torse bombé et le manche dressé. La voilà qui règne sur tous le repas, des tapas à la soupe de figue. La voilà qui se fait la belle en tête de gondole dans les boutiques d’art de la table. La voilà qui se retrouve consacrée par de pleins bouquins de recettes. La voilà qui se la pète grave, en somme.
Question. Une humanité qui vénère la cuillère et ne mâche guère ne devrait-elle pas porter des couches?
Bonsoir
PS: On a l’air un peu réac pour le coup, voire nostalgique. En fait, non. Tout ça nous fait bien rigoler. Tiens repasse-moi la pipette de gaspacho virtuel.
PS2: Le tire-bouchon, lui, va bien. Merci.
09:52 Publié dans Des ustensiles, Humeur de ventre | Lien permanent | Commentaires (14) | Imprimer |
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Commentaires
Tiens, ca me fait penser qu'il faudrait que je me fasse offrir un bon couteau a decouper, genre rolls, pour la cote de boeuf.
Écrit par : gracianne | 04/09/2008
Bien d'accord, voilà en plus qui a de quoi réjouir les dentistes car quand le bol alimentaire se résume à la soupe et aux mousses, les dents ne travaillent plus et s'abîment !
Écrit par : Tiuscha | 04/09/2008
Pour résumer: sortez, couverts!
Écrit par : Zorg | 04/09/2008
Vite, je cours à Vierzon... au musée. Au niveau des cuillères je connais une maniaque, elle donne dans le sucré mais tu peux aller voir une maniaque de la cuillère, elle ne mange pas que sa soupe avec!
http://www.altergusto.fr:80/2008/07/19/madeleines-a-la-cuillere-au-the-miel-de-lavande/
http://www.altergusto.fr/2008/07/04/madeleines-a-la-cuillere/
Écrit par : mamina | 04/09/2008
Quand vous faites dans la réaction, vous n'y allez pas avec le dos de la cuillère, Estèbe!
Écrit par : olif | 04/09/2008
moi ce que j'aime, c'est l'outrance de vaisselle.
De belles assiettes à bord doré, quatorze couteaux et fourchettes et cuillères et petites cuillères et porte-couteau en argent autour, douze mille verres en cristal devant, une belle serviette en tissu avec un monogramme dessus.
Oui je sais, c'est ringue.
Hélas, j'ai pas souvent l'occasion de pratiquer tout ça, vu que ma mangeaille est surtout nord-africaine. Eux par contre, les africains, ils sont très fashion : pas de couverts (le pain fait office de fourcheau-coutette etc.), pas mal de soupe, et la cuillère c'est juste pour les graines de couscous (sinon c'est Apocalypse Now sur le beau tapis du salon)
Écrit par : la Louise | 04/09/2008
Oui en effet, le rayon "incontinence" est bientôt aussi important que celui des couches pour bébé. Je suggère de faire passer tout ce petit monde au biberon prochainement, y compris pour le vin.
Écrit par : Gary GUETTE | 04/09/2008
Le torse bombé et le manche dressé... C'est vraiment de la cuillère dont tu parle?
Écrit par : Sophie | 04/09/2008
Mamina me taxe de maniaque (sic) alors que je me contente, simplement, de redorer la cuillère en argent en recyclant le matos que m'a légué l'arrière grand-mère Madeleine en moules à ... heu ... madeleines.
Bon, Ok, bien vu Mamina !
Quant à la gloire de la cuillère ordinaire, je crains qu'elle ne bien résiste bien longtemps et ne cède sa place à la paille dont un usage astucieux permet à la fois de slurper et d'espumater.
Écrit par : Carole | 04/09/2008
Alors ça c'est très méchant. Descendre ainsi la nouvelle tendance culinaire du ramassage à la petite cuillère en deux coups de cuillère à pot... Pas coulis du tout.
Écrit par : Le confit c'est pas gras | 04/09/2008
Il est fort probable effectivement que l'expression "avoir les crocs" pour manifester son appétit ne se transforme avec l'évolution des moeurs culinaires par "je suis hagard-hagard de faim"
Écrit par : Venerable Godon | 04/09/2008
Tout ça, moi, ça ne me fait pas rigoler. Je n'ai pas encore fourguer l'argenterie de Tata Ursule. Et ton maudit baratin est en train de faire chuter les cours.
Écrit par : Robert | 04/09/2008
pour le moment les doigts sont les grands gagnants à mon avis
question machouille MC ...D réserve une ridicule cuillère en plastoc pour ses simili glace, et encore
Donc le couple gagnant est M.et Mme Doigts/Mains
Écrit par : jupiter | 06/09/2008
Sans compter que mâchouiller permet :
1/ de mêler à la nourriture des sucs gastriques et de mieux digérer ;
2/ d'échauffer la nourriture qui, du coup, libère ses saveurs différemment, plus lentement, avec une persistance bien supérieure, laquelle permet entre autre d'apprécier un accord avec du vin.
Faites l'expérience : prenez la même matière première, laissez-la intacte d'un côté, mixer-la et transformez-la en bille d'autre part. La bille claque sous la dent, whaou quelle saveur, hop plus rien du tout, le vin est tel qu'avant de "manger". Le mets avec sa texture libère une saveur discrète, on mâche, la saveur augmente, devient aussi puissante que celle de la bille puis décroît lentement et se mêle avec la gorgée de vin.
Même expérience avec 3 produits différents mélangés : avec la bille, on ressent... heu quoi déjà, on n'a plus rien en bouche. En mastiquant les saveurs se libèrent une à une pour un feu d'artifice final qui persiste.
Écrit par : patchaz | 07/09/2008
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